affiche exposition carême 2018 – 7 paroles
J’ai réalisé les 7 toiles des 7 Dernières Paroles du Christ en Croix sur l’incitation d’André Gouze afin qu’elles soient au centre de l’office du Vendredi Saint lors du jubilée de l’an 2000 à l’ancienne abbatiale cistercienne de Sylvanès, Centre International des Musiques Liturgiques.
La méditation sur les Sept Dernières Paroles a inspiré à travers les siècles jusqu’à aujourd’hui nombre de compositeurs : Schütz, Haydn, Gounod, César Franck, Tournemire… En effet, dès le Moyen-âge, l’Eglise passait commande aux musiciens pour l’office du Vendredi Saint.
En revanche, les peintres n’ont pas, semble-t-il, travaillé sur ce thème autrefois. Le style de représentation alors plus formel n’en donnait guère la possibilité sous peine de répéter quasiment sept fois le même tableau.
La tentation de choisir un style de peinture non figuratif était forte. Cela m’aurait permis une plus grande liberté, proche de la composition musicale ; impressions colorées traduisant les sentiments et sensations éprouvés. Mais c’était aussi une sorte de fuite : les 7 toiles non figuratives auraient pu être, à la condition de changer leurs titres, autre chose que les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix…
Assumer de représenter aujourd’hui dans notre monde déchristianisé 7 fois le crucifix n’est guère aisé et peut susciter l’incompréhension. J’ai espéré que les non chrétiens puissent prêter un regard bienveillant à ce Jésus de Nazareth qui fut mis à mort . Les paroles ainsi rassemblées, mises bout à bout, extraites qu’elles sont du récit de chacun des évangélistes, perdent en cohérence narrative. Mais elles gagnent en intensité dramatique et deviennent un creuset où souffrance et espérance s’enlacent. La peinture peut représenter dans le même temps souffrance et espérance, tourment et paix. C’est sa spécificité et sa force, si elle y parvient.
La foi en la Vie plus forte que la mort, m’a inspiré de rendre lumineux le bois de chacune des 7 croix. Ces croix qui supplicient et supportent tout à la fois le Christ, ces croix qui au contact de son corps exténué et expirant, se transmutent en couleur et en lumière, renvoient à l’au-delà de la souffrance, à l’au-delà de la brutalité et de l’inhumanité de la mort infligée au supplicié. Elles préfigurent la résurrection. Elles sont les prophètes du corps glorieux du Christ.